Selon les dernières études menées actuellement par Amphai Doré, un Français d’origine Laotienne, les Laotiens viendraient de Chine où vivent toujours une vingtaine de millions d’habitant parlant Lao, ayant la même structure ethnique composée de Lao Loum, Lao Theung et de Lao Soung.
Du paléolithique au XIIIème siècle
Les premiers vestiges de l’Homme au Laos remontent au paléolithique sous la forme de galets bruts pointus ou tranchants. Au nord de la chaîne annamite, dans le massif de Phou Loi (Tham Pong) auraient vécu des Proto-Australiens. Ce faisant, le peuple laotien serait le plus ancien peuple d’Asie du Sud-Est.
Du IIème au Vème siècle, le sud Laos tombe sous le contrôle des Chams (Malais indianisés) ; et dès lors, tandis que l’Indochine ouvrait les routes maritimes vers l’Inde, le Moyen-Laos est probablement colonisé par les indonésiens indianisés, bouddhistes. Cette civilisation se cristallisa en Birmanie méridionale où elle durera jusqu’au XIIIème siècle, et en Thaïlande (alors appelé Siam).
Entre le VIème et XIIIème siècle, le sud du Laos (le royaume de Champassak) fut dominé par les Khmers dont l’influence s’étendait à la Thaïlande et au Cambodge ; tandis que différentes ethnies et petits groupes, sous la pression notamment des Chinois qui s’étendaient au sud, des Khmers dont la puissance était grande à cette époque, et des Vietnamiens, émigraient au Laos pour s’installer le plus souvent le long des cours d’eau. Ils assimilèrent les cultures locales et créèrent de nombreuses principautés au sud de la Chine, de l’Inde Orientale au Viêt-Nam. Les Thaïs Siam puis les Thaïs Lao prirent la relève vers le sud de la Chine et fondèrent au nord du Laos deux royaumes avec comme capitales respectives Luang Prabang et Xiang Khouang (actuelle plaine des Jarres).
Jusqu’au milieu du XIVème siècle, la plupart des principautés dépendaient du royaume de Sukhotai (Siam). Mais la région est déchirée par la guerre : Sukhotai finit de se désagréger alors que le nouveau royaume de Ayuthaya est en guerre et que s’effondre le royaume Khmer, en proie aux luttes intestines.
Le XIVème siècle et la naissance du Laos
C’est au milieu du XIIIème siècle, que naît Chao Fa Ngum (1316 - 1373). Pour la première fois, grâce à l’appui des Khmers dont le roi était devenu le père adoptif de Fa Ngum (voir histoire de Fa Ngum), le jeune prince conquit les 3 premières provinces de Muang Seua (actuellement Luang Prabang), de Wieng Chan (Vientiane) du plateau de Khorat, réunissant ainsi 3 royaumes en un seul, le royaume de Lan Xang, "du million d’éléphants et du parasol blanc" dont la capitale devint tout naturellement Luang Prabang, ville natale de Fa Ngum. En superficie, à l’époque, le royaume devient un des plus étendus du Sud-Asiatique, tout en se révélant relativement dépeuplé comparé à ses voisins...
Durant tout le règne du Laos, le pays s’agrandira, sous la pression de son chef qu’on surnomma "le conquérant". Finalement destitué par ses ministres qui voulaient mettre fin à sa folie des grandeurs, il fut remplacé par son fils Oun Heuane, qui mena le pays vers son apogée.
Jusqu’en 1421, Le royaume connut la richesse, les arts se développèrent, le bouddhisme remplaça progressivement l’animisme (dont il a néanmoins gardé des traces) grâce à l’envoi Khmer d’instructeurs, d’artistes, et de bonzes. La sécurité régnait dans tout le royaume gouverné sagement et efficacement par celui qui se faisait appelé SamSenThai, le roi des 300 000 thaïs.
Le XVIème siècle, ou la seconde apogée
A la mort de SamSenThai, on se disputa le trône, et il fallu attendre une centaine d’année, 1520, et le sacrement de Phothisarat pour que cesse l’instabilité provoquée par la valse des rois. La situation jusqu’alors était critique et les intrigues nombreuses. Le royaume était menacé de toute part, à commencer par la capitale d’alors, Luang Prabang, située non loin des terribles birmans. Le roi avait deux alternatives : jouer la carte du nord en s’unissant avec les principautés thaïs, ou celle du sud en se regroupant avec Vientiane et en faisant alliance avec les cambodgiens.
La seconde solution fut retenue. Photisarat, n’eut de cesse à partir de ce moment d’équiper et renforcer son armée, de restaurer dans le royaume la sécurité, et de faire du Bouddhisme, la religion seule religion officielle. A la fin de son règne, il plaça sur le royaume de Lanna son fils qui deviendra 3 ans plus tard son successeur. En 1560, la pression des birmans était telle que la capitale, trop exposée à un raid, fut transférée dans ses fonctions administratives et gouvernementales à Vientiane. Qui fut prise en 1565 par les birmans rapidement chassés et sévèrement battus en 1569. Deux ans après, à la faveur de la mort subite du jeune roi Setthatirath, le royaume devint finalement vassal des birmans durant 20 ans.
Après une période d’anarchie où 5 rois se succédèrent, Surya Vongsa accède au trône en 1637 réussit à rétablir la paix. Le bouddhisme est à son apogée, les arts sont développés et Luang Prabang devient la plaque tournante du commerce dans toute la région. Durant ce règne qui fut le plus long de l’histoire Lao puisqu’il dura 57 ans, jusqu’à la mort du monarque en 1694, le Laos connu son âge d’or, sa seconde apogée avant d’éclater au profit des royaumes plus forts alentours.
La chute de Lan Xang et le lent déclin
Le royaumes de Lan Xang éclata dès le début du XVIIIème siècle en trois royaumes, celui de Luang Prabang au nord (vassal de la Chine et du Siam), celui de Vientiane (vassal de l’Annan), et celui de Champassak (vassal du Cambodge et du Siam).
En 1764, les Laos du Muang Chan firent appel aux Birmans d’Alaunfra contre ceux du Muang Prabang. L’ancienne capitale du royaume au million d’éléphants fut réduite en cendres, tandis que les royaume de Vientiane, et de Champassak au sud, échouaient aux mains des siamois, qui ramenèrent de leur conquête les deux palladium du Laos : le Phra Bang et le Phra Kéo. Seul le premier revint finalement de Bangkok...
Après une tentative manquée du roi Chao Anou (1805-1830) pour reconquérir la souveraineté du Laos, le pays sombra jusqu’au point où il faillit disparaître.
Le protectorat français
Les temps sont durs pour le Laos au XVIIIème siècle, et il s’en faut de peu pour qu’il ne disparaisse sous la pression des grandes nations dominantes alentours, Chinoise, Vietnamienne, Siamoise, Birmane et Cambodgienne.
C’est à cette époque qu’un certain nombre de français découvrent la région de l’Indochine, et rapportent de la région des trésors qui subjugueront les européens, notamment aux expositions universelles de Paris en 1878, 1889 et en 1900. Parmi ces "aventuriers", on peut citer Henri Mouhot le naturaliste, qui arrive à Luang Prabang en 1861 et y qui mourra (sa tombe se situe non loin du village de Ban Phanom). Entre 1866 et 1868, Doudard de Lagrée et Francis Garnier remonteront le Mékong et visitèrent Vientiane. En 1867, Auguste Pavie prit part à la lutte contre le Siam et contre les pillards Ho, qui saccagèrent et brûlèrent Luang Prabang en 1887 (voir Histoire de Luang Prabang).
La France possédait déjà 2 Protectorats dans la péninsule indochinoise : au Cambodge (1863) et au Viêt-Nam (1885). En 1893, elle signa un traité avec la principauté de Luang Prabang dont le souverain désirait chasser les détachements militaires siamois venus supprimer les pavillons noirs chinois.
Un traité définitif fut signé en 1904 avec le Siam reconnaissant au Laos ses frontières actuelles. Dans les tractations de l’époque, le Laos fut malheureusement amputé du plateau du Khorat, la plus riche des régions laotiennes, au profit du Siam. Ils en gardent d’ailleurs une amertume certaine, un peu comme les français et l’Alsace et la Lorraine à une certaine époque.
Bien que la France ait engagé au Laos des grands travaux visant à restaurer le royaume (reconstruction de Vientiane, aménagement d’écoles et de l’université de Vientiane, développement du réseau routier), force est de constater que le Laos n’était, pour la France, pas une nation aussi intéressante (entendons exploitable) que ses proches voisins le Cambodge et le Viêt-Nam.
Le commissariat français, placé à Luang Prabang dans l’actuel Phousi Hotel, ne fut jamais que l’occasion de prendre ce territoire potentiellement accessible aux anglais, très présents dans la région. Quelques centaines de français résidèrent dans ce pays, hétéroclite par sa population et ses ressources, vivant assez largement sur la production et la distribution de l’opium dont la qualité était réputée pour être la meilleure de l’Extrême-Orient.
La seconde guerre mondiale
Toutes les colonies indochinoises se retrouvèrent durant cette période sous le joug des japonais. Au Laos, fort peu de japonais en fin de compte résidaient sur le territoire lui-même. Les japonais se déclaraient anti-impérialistes, et cherchaient ouvertement à libérer les peuples de la mainmise occidentale, à chasser les blancs de la région. Même battus en 1945, ils ne se retirèrent qu’après avoir tué ou déporté une partie des expatriés français, et en proclamant l’indépendance du pays ; espérant ainsi jeter définitivement les blancs en dehors du Laos.
Cette idée d’indépendance donna naissance à un mouvement nationaliste, le Lao Issara. En 1946 les troupes françaises revinrent au Laos pour rétablir le protectorat. A partir de ce moment co-existèrent trois influences :
celle du prince de Luang Prabang, Phetsarath, qui représentait la tendance neutraliste, il fut nommé le prince bleu
celle du prince Souphanouvong (le prince rouge) allié au Viet Minh, qui fonda le Pathet Lao (le pays Lao). Formé en France, ancien élève de l’Ecole de Chartes.
celle du prince Boum Oum, ancien capitaine de la Légion Etrangère, qui du renoncer au trône, et qu’on nomma le prince blanc.
En 1949, la France passa un traité avec la famille royale lao, accordant au pays son autonomie interne et la réunification sous l’égide du roi de Luang Prabang, Sisavang Vong. Malheureusement, les enjeux financiers de cette unification sont grands (notamment par le trafic d’opium et des armes) et les acteurs nombreux : les 3 tendances laotiennes auxquelles il faut adjoindre les français, penchant pour les neutralistes, les américains cherchant à mettre fin au protectorat, les communistes Viêt-Minh, les Siamois...
L’indépendance
En 1954, la victoire vietnamienne de Dien Bien Phu marque la fin du protectorat français au Laos, et l’avènement de la première conférence de Genève place la naissance en 1957 du premier Gouvernement de coalition pour l’Unité nationale dirigé par le prince Souvanna Phouma. Théoriquement, les français et plus globalement les occidentaux ne contrôlent plus le pays. En réalité, une guerre de l’ombre commence, impliquant les français, américains, vietnamiens, et même les chinois et les russes...
En 1958, après des élections partielles donnant la victoire aux forces de gauche, les dirigeants de droite fomentèrent un coup d’état et demandèrent l’aide américaine pour éliminer la menace du Pathlet Lao, supporté de plus en plus activement par les nord-vietnamiens.
En 1959, Souphanouvong, chef du Pathlet Lao est incarcéré avec une quinzaine d’autres responsables pro-communistes qui s’évaderont quelques mois plus tard. Durant ce temps, les américains apportent de l’aide au nouveau gouvernement, et arment les Hmongs pour lutter contre les communistes. Forts de leur armement, les forces pro-américaines investissent Vientiane ce qui a pour conséquence de pousser les neutralistes à rallier la cause communiste, seule alternative crédible en face des Hmongs.
En 1962, une seconde conférence de Genève amena la formation d’un second Gouvernement de Coalition nationale. Le Laos se vit de plus en plus impliqué dans le conflit vietnamien. Ce qui donna lieu à la guerre secrète que mena les USA dans le nord du pays, ayant pour conséquence d’intenses bombardements notamment aux abords de la piste Ho-Chi-Minh.
Les 10 années suivantes virent la disparition du clan neutraliste, et le développement de l’idéologie communiste dans tout le pays. L’intensification de la lutte entre communistes du Viet Minh déborda au Laos où les américains dès lors, menèrent une "guerre secrète", inexistante officiellement, mais dont les chiffres aujourd’hui montrent l’énormité. Le nord du Laos devint le théâtre d’intenses bombardements des B-52 américains (tout de même 10 tonnes de bombes par kilomètre carré !) de produits aussi destructeurs que les herbicides du type "agent orange", "pluie jaune" qui détruisirent une bonne partie de la végétation, empoisonnèrent les eaux jusqu’aux nappes phréatiques...
En 1973, un traité de cessez-le-feu pour le Laos fut signé entre les Nord-vietnamiens et les américains. Un gouvernement provisoire d’Unité Nationale est proclamé en avril 74, réunissant toutes les forces politiques sous la présidence de Souvanna Phouma, mais à la fin 75, la droite périclite définitivement, laissant dès lors le champ libre à la formation pro-vietnamienne.
Le 1er et 2 décembre 75, des représentants du congrès se réunissent, acceptent l’abdication du roi et proclamèrent le Laos République Démocratique et Populaire.
Naissance de la République Démocratique Populaire Lao
Après pratiquement 30 ans de guerre, la nouvelle nation doit faire face à de très sérieuses difficultés. L’aide occidentale est retirée, le kip (la monnaie locale) s’écroule, il y a pénurie alimentaire. Pour autant, le pays jouit pour la première fois de son histoire contemporaine d’une période de stabilité de l’exécutif. A partir de 1975 s’ouvrent des camps de "rééducation" notamment à Sam Neua, où seront incarcérés de nombreux étudiants et autres intellectuels.
Cette période de répression dans la même mouvance que le Cambodge ou le Viêt-Nam fut néanmoins largement moins sévère au Laos que chez ses pays voisins. C’est à cette époque qu’entre 10 et 20% de la population auraient fui vers la Thaïlande en premier lieu, puis en grande partie vers les USA (2 tiers des réfugiés), la France (15%), le Canada et l’Australie. Les conséquences de cet exode furent assurément catastrophique pour un pays en vidant le pays de nombreux commerçants (surtout chinois), d’anciens fonctionnaires et des laotiens les plus formés, ayant peur d’une répression qui s’est majoritairement exercée auprès des enseignants et autres personnes qualifiées.
Alors qu’on assiste entre 1978 et 1982 au gel des relations diplomatiques entre la France et le Laos, des liens étroits sont tissés entre le Laos, le Cambodge et le Viêt-Nam. A bien des égards d’ailleurs, le Viêt-Nam riche de ses 80 millions d’habitants, possédant de bonnes écoles et disposant d’un personnel très bien formé aida son petit pays frère en y envoyant hommes et matériel, accueillant et formant les meilleurs élèves laotiens. Jusqu’en 1988, les vietnamiens mirent à disposition du Laos 40 000 militaires pour soutenir le régime (soit autant que l’armée laotienne dans son intégralité).
L’ère des réformes
En 1986, un tournant est pris par l’adoption du "nouveau mécanisme économique" qui conduit le Laos vers l’ouverture à une économie de marché. Et en 1989 éclot la première constitution communiste du Laos. Le Laos entame une phase de négociation avec la Chine, renoue avec l’occident, et dans le cadre de la paix, libère les derniers prisonniers politiques stationnés dans les camps de rééducation. Commencent alors les premières réformes économiques, et notamment les premières dénationalisations qui ont lieu dès cette époque pour relancer un système en faillite.
Finalement, dès le début des années 80, le Laos prend un peu de distance avec le communisme pur et dur, réintègre peu à peu la scène internationale : en 1991 au sommet de la Francophonie de Chaillot, le Laos rejoint les pays ayant en partage la langue française, en 1997 le Laos est admis au sein de l’ASEAN (communauté économique asiatique).
Depuis quelques années, le Laos s’ouvre véritablement sur l’extérieur, aussi bien aux touristes dont les devises sont très attendues, qu’aux investisseurs qui bénéficient dans bien des cas de bien d’avantages pour s’implanter dans ce pays manquant cruellement de capitaux et de main d’oeuvre qualifiée.