C’est l’un des moments spirituels les plus denses et emblématiques de la vie Lao et des traditions locales de syncrétisme entre Bouddhisme et animisme. Fixée à la dixième pleine lune de l’année, cette fête est un moment tout à fait unique au Laos. D’abord par l’ampleur des réjouissances, par le nombre de participants, par le travail et les dons qui ont été préparés. Y participer permet d’obtenir des "points de mérite" qui seront importants pour la prochaine réincarnation.
Le matin, lors des offrandes, les dévots se déplacent en masse. Ainsi, plus que d’habitude, les bonzes recevront de la part des "croyants" des dons particulièrement riches : barres chocolatées, bonbon et gâteaux de toute sorte, et même argent (dont ont besoin aujourd’hui les bonzes pour se payer des communications de téléphones portables...)
Puis, aussitôt après commence le ballet de plateaux supportant les 7 mets qui préféraient les ancêtres. Chaque famille aura à cœur de préparer le meilleur et c’est ainsi par centaines que les plats arrivent à la pagode, submergée de dons les plus divers (comme le montre la photo).
De véritables paniers garnis (d’encens, de cahiers d’écriture, de bics, de lessive, de café en poudre, de briquets et de cigarettes, de fruits, de papier toilette...) sont offerts aux bonzes et aux bonzillons.
Chaque famille aura eu à coeur d’écrire sur de petits bouts de papiers quelques mots en mémoire de ses ancêtres, et de leur souhaiter ce qu’il y a de meilleurs. Les papiers sont d’abord réunis dans une coupelle d’argent avant d’être lus à haute voix à toute l’assistance qui écoute d’une oreille distraite et amusée. Car paradoxalement (pour les occidentaux) tout ce petit monde rigole beaucoup lors de cette fête et de cette lecture !
Enfin, après que les bonzes ont fini leur repas pour une fois est loin d’être frugal, ce sont les dévots eux-mêmes qui s’assoient et se partagent l’immense majorité des plats qui restent, ou même les remportent chez eux comme le font certains d’entre eux.